Punk musette

Un podcast de découverte des genres musicaux. Quatre épisodes pour l'éternité.

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Derniers épisodes :

Le bebop

Wed, 29 Apr 2020 01:00:00 GMT

L'épisode de Punk musette consacré au bebop. Si la théorie musicale concernant les accords vous intéressent, regardez cette vidéo de Vox : https://www.youtube.com/watch?v=62tIvfP9A2w.

Avant, quand on écoutait du jazz, ça ressemblait à ça :

Extrait : Chick Webb & his orchestra avec Ella fitzgerald - A tisket a tasket

Ça c'est Chick Webb et son orchestre, accompagnés au chant par Ella Fitzgerald. Ils jouaient A tisket a tasket, un tube du jazz dans son époque du swing et du big band. Le swing, c'est ce qui donne envie de danser, car cette musique était faite pour ça. Et la danse elle-même s'appelait aussi le swing. Le big band, c'est l'orchestre. On jouait à l'époque avec une dizaine de musiciens, dont à la mélodie, plusieurs trompettes, trombones et saxophones. Les mélodies étaient arrangées pour ces instruments en de belles harmonies entre eux, entrecoupées de quelques solos. Un piano, une contrebasse et une batterie venaient donner le rythme à la composition.

Au début des années 40, c'est la rébellion : marre de faire de la soupe toujours arrangée de la même manière, certains musiciens veulent pousser leur art dans ses retranchements et démontrer leur virtuosité à leur instrument. Si vous pensez que le jazz est une musique élitiste, c'est peut-être à cause du bebop. À l'opposé des styles populaires qui l'ont précédé, le bebop est destiné à plaire aux musiciens avant tout, et il est difficile à appréhender complètement pour qui ne connaît pas la théorie musicale. Pour créer le bebop, les musiciens vont reprendre quelques éléments du swing mais envoyer valser la plupart d'entre eux. Pour commencer, on augmente le tempo. Les moins bons musiciens de swing ne pourront pas se hisser au niveau d'un jeu beaucoup plus rapide, surtout que d'autres contraintes seront ajoutées à ce tempo furieux. Pour donner le rythme, on garde une mode du swing ces dernières années : marquer les temps à la batterie, non plus avec les fûts, mais avec les cymbales. Écoutez la vitesse de celles de Max Roach dans Swingin', interprétée avec Clifford Brown.

Extrait : Clifford Brown Swingin'

Au bebop, adieu les big bands, on se contentera d'un joueur de saxophone, d'une seule trompette et on garde la section rythmique piano-contrebasse-batterie. Et finis les arrangements, on veut mettre en avant le talent individuel des musiciens grâce aux solos. Dans une chanson typique du bebop, le groupe va commencer par une mélodie commune, puis chacun enchaînera sur un solo improvisé sur des accords plus ou moins typiques du jazz. Après l'improvisation de tout le monde, on joue à nouveau ensemble la mélodie originale, et c'est la fin de la chanson. Voici la mélodie et le début du premier solo de Dizzy atmosphere par  Dizzie Gillespie et Charlie Parker

Extrait : Dizzy atmosphère

Il ne suffit pas de jouer vite et d'improviser n'importe comment pour être un bon musicien de bebop. L'improvisation est contrainte par des règles draconiennes : les changements d'accords. Derrière le solo, la section rythmique joue des accords que doit respecter le soloïste en ne jouant que certaines notes en lien avec cet accord. La l'enchainement est connu à l'avance, mais les accords changent à chaque mesure, voire souvent à chaque demi-mesure. Et aux tempos que s'imposent les musiciens, cela ne laisse pas plus que quelques secondes à jouer avant de devoir changer d'accord et donc de sous-ensemble de notes autorisées. L'épreuve est difficile et plaît au musicien. En revanche, elle fait souvent fi de l'harmonie globale de la chanson, et l'oreille qui les écoute n'est pas toujours habituée à ces sonorités. Le solo qui suit de Sonny Rollins dans Tenor madness pourrait vous gratter l'oreille par moments.

Extrait : Sonny Rollins - Tenor madness

On finit sur un monument du bebop : la chanson de David Coltrane Giant steps, littéralement des pas de géants. Elle est nommée ainsi pour désigner l'écart énorme entre les accords qu'il a enchaînés. Il est difficile d'entendre et d'expliquer la performance du morceau que l'on va écouter. Mais si vous parlez anglais je vous recommande de regarder la vidéo "The most feared song in jazz" du media Vox : https://www.youtube.com/watch?v=62tIvfP9A2w . Elle explique les progressions d'accords habituelles et celles inhabituelles qu'a créé Coltrane en composant ceci.

Extrait : David Coltrane - Giant steps

Le stoner rock

Wed, 22 Apr 2020 01:00:00 GMT

Punk musette épisode 3 : le stoner rock.

Avant, quand on écoutait du heavy metal, on entendait ça :

Extrait : Led Zeppelin - Whole lotta love

Et oui je prends ma grosse voix pour parler d'un batteur énervé ; d'un guitariste énervé ; et d'un chanteur énervé qui chante l'amour qu'il veut faire rentrer à l'intérieur de quelqu'un : c'est Led Zeppelin en 1969 qui interprète Whole lotta love. Dans le heavy metal, on joue avec une guitare électrique qui sature en envoyant ses riffs, et une guitare basse et une batterie qui n'hésitent pas à se faire entendre. Et généralement, on joue fort et on chante fort. Le stoner rock, c'est le heavy métal qu'on écoute quand on est stone. Le nom fait référence aux stoners, les personnes qui consomment régulièrement du cannabis. Et quand on a fumé, on a envie d'être relaxé. Alors la première chose qu'on va faire au métal, c'est de le ralentir. On va baisser le tempo de jeu vers quelque chose de beaucoup plus lent. Le riff de guitare notamment est ralenti, décomposé, jusqu'à être sublimé. Installez-vous en position allongée, détendez-vous, on écoute Funeralopolis de Electric wizard.

Extrait : Electric wizard - Funeralopolis

En jouant à ce nouveau tempo, on va même pouvoir s'accorder le temps de remettre un peu de groove. Le groove, c'est des variations dans la dynamique de la musique. On peut faire varier le volume sonore, par exemple. Mais là non, parce qu'on aime bien jouer fort. Alors on peut faire varier l'espacement entre les notes. Et alors qu'il était difficile de décaler des notes à la vitesse énervée du heavy metal, notre ralentissement du tempo va nous autoriser à retarder ou à avancer les frappes des percussions ou les notes des guitares. C'est grâce à ce balancement entre les notes que la chanson The clarity, de Sleep, pourrait vous donner autant envie de danser que de headbanger.

Extrait : Sleep - The clarity

Je ne vous laisse pas beaucoup de moments chantés jusque là, alors de quoi on parle, dans le stoner rock ? Demandez à Sleep qu'on vient d'écouter, dont les membres se sont séparés après que leur label a refusé leur album Dopesmoker, fumeur de drogue en Français. L'album consistait en une seule chanson de 63 minutes dont les paroles évoquent longuement le voyage d'un fumeur à Zion la terre sainte. Dans le stoner, le chant n'est pas vraiment caractéristique. Le thème de la drogue est récurrent, mais loin d'être unique. Il partage notamment sa place avec l'ésotérisme cher à l'ensemble du rock amplifié. La façon de chanter varie aussi et emprunte à tous les sous-genres du métal : parfois guttural, parfois crié, et parfois plus mélodique, comme dans cette chanson d'amour appelée You found the best in me, par les allemands de Kadavar.

Extrait : Kadavar - You found the best in me

Quand elle n'est pas dans les paroles, la drogue se retrouve en fait aussi dans la musique. Le tempo lancinant et les riffs répétitifs sont faits pour vous faire partir loin dans vos pensées. Le stoner rock est une expérience qui devient évidemment totalement psychédélique si on l'écoute sous influence, mais qui peut aussi l'être pour tout un chacun grâce à ses arrangements musicaux. Embarquez par exemple dans les délires de Purson, ici avec Pedigree chums.

Extrait : Purson - Pedigree chums

En résumé, le stoner rock est lancinant, psychédélique, lourd. Est-il dès lors étonnant qu'une des grosses scènes du stoner nous vienne des déserts américains ? Après tout, quand on croule sous la chaleur, nos corps sont ralentis, et on peut être sujet à des hallucinations… En tout cas, la scène de Palm desert, au sud de la Californie, est connue pour son stoner rock, qu'on nomme d'ailleurs parfois desert rock. Et on va se quitter avec le plus célèbre des groupes de stoner rock, venu lui aussi de Palm desert, avec un petit bémol néanmois : ils refusent catégoriquement d'être classés en tant que groupe de stoner ! Alors ce sera à vous de décider où vous placez Queens of the stone age, dont on s'offre une belle part de Burn the witch.

Extrait : Queens of the stone age - Burn the witch

La trap

Wed, 15 Apr 2020 00:00:00 GMT

L'épisode de Punk musette à propos de la trap. Si vous voulez en savoir plus sur le triplet flow de Versace, je recommande cette vidéo de Vox : https://www.youtube.com/watch?v=3la8bsi4P-c

Avant, on écoutait du rap, et ça faisait comme ça :

Extrait : Notorious BIG - Warning

Ça, c'est Notorious B.I.G, dit Biggie, et sa chanson Warning. Dans son texte, il prévient ses ennemis que s'ils cherchent à lui voler tout son argent, Biggie est équipé en grosses armes pour leur répondre. Peut-être pas suffisamment, cela dit, puisque Biggie Smalls se fera vraiment assassiner 3 ans plus tard. Mais en 1994, il fait du rap comme on en fait à cette époque : côté parole, les armes, donc. Côté musique, les temps, qui sont marqués par une alternance entre une grosse caisse qui fait boum et une caisse claire qui fait bap. Aujourd'hui, on reprend même littéralement le terme "boom bap" pour désigner le rap quand il utilisait ces marqueurs de temps. Sinon, le rap en 1994 comme aujourd'hui, c'est aussi une musique faite à partir de samples, ces petits échantillons de musique qu'on extrait de chansons qui ont 20 ans et que tout le monde a oublié. Par exemple, dans la chanson de Notorious B.I.G, on entend du Isaac Hayes. Enfin et surtout, le hip hop aux États-Unis au début des années 90, c'est 2 styles différents faits sur 2 territoires opposés : le East coast hip hop sur la côte est, et le West coast hip hop sur la côte ouest. Et pour les autres, rien. Jusqu'à ce qu'on change de contexte. Dans le Sud-est des États-Unis, on cherche encore le style maison de ce hip hop qui devient à la mode dans le pays. On teste des trucs, comme le crunk, un style qu'on saute pour aujourd'hui, mais en attendant que ça marche, on zone et on vend de la drogue. Et on la prépare, dans des maisons qu'on appelle là-bas des trap, pour traduire littéralement des pièges. Et non seulement la musique trap va tirer son nom de ces lieux qui font partie du quotidien des rappeurs des environs, mais elle va aussi en tirer un thème qui sera central à la trap music : la préparation et la vente de drogue. On va s'écouter 2 chainz, Young Jeezy et Pusha T qui nous chantent Hard in the kitchen. Et quand ils parlent de soda et de kitchen, ils ne parlent pas de faire des produits nettoyants à base de bicarbonate de soude. Non, ils nous détaillent plutôt une journée à cuisiner du crack !

Extrait : Tity boy (2 chainz), Young Jeezy et Pusha T - Hard in the kitchen

Ils y vont dur dans la cuisine, car c'est pas facile d'être un gros dealer. D'ailleurs contrairement aux airs assurés d'autres rappeurs, ou à la joie qui se dégageait des styles de rap locaux à l'époque, les artistes de trap ont souvent un chant plus mélancolique, plus renfermé. Dans la chanson suivante, Both de Gucci Mane, c'est Drake qui vient en featuring chanter le refrain, et qui se laisse aller à la confession en nous prévenant dans ses paroles qui sont : "je ne fais généralement pas ça sauf si je suis bourré ou défoncé, mais là je suis les deux à la fois, ça me fait parler de ma vie"

Extrait : Gucci mane feat. Drake - Both

Le contexte a changé entre l'est, l'ouest et Atlanta qui va devenir le cœur de cette trap, et au même moment, on a retrouvé un vieil instrument que les artistes de trap vont s'arracher. Comme on est dans le rap, le royaume des boucles qu'on prend ailleurs et qu'on colle les unes aux autres, cet instrument c'est plutôt une machine : c'est la TR-808 ! La machine portable a été créée en 1980 dans le but de jouer un ensemble de percussions, mais sans devoir se coltiner une batterie avec soi ! Ça n'a pas été un franc succès à l'époque, notamment parce qu'on n'a pas l'impression d'entendre une vraie batterie dans les sons que la machine produit. Cela dit, ça n'a pas empêché des musiciens de faire des tubes avec, comme par exemple Sexual healing pour Marvin Gaye. Mais quand les gros producteurs se séparent de la 808, les petits rappeurs désargentés la récupèrent d'occasion et se débrouillent avec ! Et dans le sud américain, ça a plu. Dans la trap music, on entend beaucoup la grosse caisse synthétisée par la TR 808. Écoutez ces boum boum très graves au fond de Anybody de Young thug avec Nicki Minaj.

Extrait : Young thug feat. Nicki Minaj - Anybody

Parmi les sons de batterie, le son du charleston de la machine est aussi bien apprécié, et il est couplé à une vieille technique qu'on avait mise de côté. Mais bref rappel de solfège : en occident, on aime séparer les mesures en quatre temps, et remplir ses temps avec des notes qui durent pendant le temps entier, ou la moitié du temps, ou le quart, ou le huitième à la limite. Bref, que des divisions en nombres pairs. Bien sûr, rien ne nous empêcherait d'utiliser des divisions par des nombres impairs de notes, et bien des styles s'y sont collés, mais le rap hmmm… non ! 2, 4, c'était bien. Et ben la trap a redécouvert la possibilité de diviser en 3 quand elle a trouvé fun de faire des petits roulements de tambour avec le charleston de la TR-808. Écoutez les petits tchi-tchi, tchi-tchi, tchi-tchi sur la chanson Poppin de Rico Nasty, quand ils s'emballent et partent trois par trois.

Extrait : Rico Nasty - Poppin

En résumé, on est parti du rap, auquel on a ajouté le contexte sudiste de préparation de drogue, saupoudré de mélancolie. On a déterré une vieille boîte à rythme pas chère, et on a créé la trap en faisant des triolets de charleston ! Oui ça s'appelle des triolets les suites de 3 notes. D'ailleurs y a des rappeurs de trap qui aiment tellement ça qu'ils se sont pas arrêtés au charleston. Même leurs phrases sont découpées par groupes de 3 syllabes. Comme dans Versace, la chanson de Migos avec laquelle on se dit à la prochaine. Versace, Versace !

Extrait : Migos - Versace

Le disco

Wed, 08 Apr 2020 18:00:00 GMT

Avant, on écoutait du funk, et ça ressemblait à ça :

Extrait : The staples singers - I'll take you there

Cette chanson, c'est "I'll take you there", du groupe The staple singers. Quand on l'entend, on se balance sur les instruments venus tour à tour s'entrelacer et apporter leur contribution à l'ensemble. Y a pas vraiment de suite d'accords, pas de structure couplet / refrain avec chacun sa mélodie… On est guidés le long du morceau par la batterie, un clavier, quelques cuivres pour ponctuer et une ligne de basse entêtante.

Le disco se différencie du funk avec difficulté, mais je suis pas là pour faire des assonances. C'est vrai que le disco va largement reprendre les caractéristiques principales du funk. Et en premier lieu, ses lignes de basses proéminentes et syncopées. Syncopées, ça veut dire qu'au lieu de marquer un rythme régulier et prévisible, les notes de la basse seront jouées parfois plus tôt que ce qu'on attend, parfois plus tard. Ce qui va donner une sensation immédiatement groovy à la chanson, celle qui vous donne envie de danser. Mais LA caractéristique qui va séparer radicalement le funk du disco, c'est le jeu de la grosse caisse de la batterie. Plutôt discrète dans le funk, souvent mécaniquement étouffée, elle va être à l'opposé omniprésente dans le disco. La base du disco, c'est de frapper la grosse caisse sur. chaque. temps. On a appelé ça le "four on the floor", four pour les quatre temps de la mesure où la caisse sera frappée, et "on the floor" parce que c'est au sol que cette caisse repose. Si on cherche à entendre la ligne de basse syncopée venue du funk et le son lourd de la grosse caisse sur chaque temps dans une chanson disco, on n'aura pas besoin d'aller fouiller bien loin :

Extrait :  The bee gees - Stayin' alive

C'est évidemment le démarrage de Stayin' alive des Bee gees, qui nous offre une ligne de basse bien claire et la batterie la plus disco possible pour le film culte Saturday night fever. Le film est sorti en 1977, et il a définitivement assis le disco comme style de musique majeur de ces années-là. Les deux années précédentes ont vu le genre monter en puissance, le film a consacré son caractère populaire, et les deux années suivantes seront celles de la réplication à outrance jusqu'à l'indigestion à l'aube des années 80. Pour ce qui est des autres instruments, le disco a fait feu de tout bois. Et aussi de tout cuivre. Et de toutes cordes. Globalement, le disco s'est servi de l'orchestre complet pour donner une grande variété sonore à une musique avant tout rythmique. Il a par exemple continué d'utiliser le clavier, pour jouer des riffs complémentaires à la basse. On note aussi les cuivres, aussi restés des autres musiques noires américaines qui l'ont précédé. Ils peuvent ponctuer les phrases des chanteurs et des chanteuses, comme dans Act like you know, de Fat Larry's band :

Extrait: Fat Larry's band - Act like you know

Le plus grand tabou du disco, c'est peut-être la guitare, pourtant l'instrument phare de la musique déjà. Elle ne sera pas utilisée pour jouer des mélodies, mais uniquement en accompagnement rythmique, comme d'autres instruments. Les mélodies de la guitare, à l'époque, c'est pour le rock. Peut-être parfois pour compenser, la section de cordes, frottées cette fois, sera largement appelée dans le disco. Si, comme le cuivre, elles sont capables de donner un sursaut vif ou de répondre aux voix, elles peuvent aussi amener une harmonie en soutien à une chanson disco. On les entend dans ce rôle dans la chanson Can't get enough of your love, de Barry White, un titre des débuts, pas encore tout à fait identifiés en tant que tels, du disco :

Extrait : Barry White - Can't get enough of your love

Si le disco peut utiliser autant d'instruments, c'est parce que c'est une musique de studio. On ne pense pas les chansons pour être jouées sur scène avec tous les instrumentistes ! En fait, on n'a même pas besoin de les avoir tous en même temps en studio, vu que l'enregistrement se fait des pistes séparées au nombre qui devient de plus en plus grand dans les années 70. Le rendu dense donné par tous ces instruments se retrouve aussi dans le chant du disco, où les voix semblent démultipliées, notamment grâce à l'effet électronique de la réverbération. On l'entend clairement dans la voix de Casey, le chanteur de KC and the sunshine band, lorsqu'il chante Shake your booty :

Extrait : KC and the sunshines - Shake your booty

Secoue secoue secoue, secoue secoue secoue, secoue ton fessier, nous chante KC. La disco n'est pas réputée pour ses paroles d'engagement politique, mais plutôt pour l'incitation qu'elles donnent à danser et à faire la fête. Pourtant l'histoire du disco est éminemment politique, puisque le style est né dans des lieux de fêtes privatisés pour éviter à des minorités d'être agressées si elles allaient dans des fêtes ouvertes au public. Les homosexuels, les noirs et les latinos notamment ont été les premiers à se déhancher librement sur des musiques qui leur permettaient d'oublier des États-Unis très rigoristes à l'époque. Les disc-jockey étaient responsables de faire danser les participants toute la nuit, et pour cela, ils trouvaient que les chansons de 3 minutes pressées sur les disques étaient trop courtes. Ils ont fini par faire presser des chansons dont les sections instrumentales notamment étaient allongées sur des disques de 30 centimètres, jusque là réservés au pressage d'albums. Ça a donné des chansons de 8 minutes et plus qu'on a appelé les "maxi". Ces extensions de chansons disco influenceront les débuts de la house music, mais ceci est une autre histoire. Parmi les pères de la musique de discothèque électronique, Giorgio Moroder a composé en 1975 une chanson disco de 16 minutes dont on n'écoutera en conclusion qu'un déjà bel extrait pour que vous sentiez la progression lente : c'est Love to love you baby, dont la voix appartient à Donna Summer.

Extrait : Donna Summer - Love to love you baby

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